Comprendre l’incident nucléaire à l’EPR de Taishan 1

Suite au défaut de sûreté du réacteur EPR de Taishan 1, la CRIIRAD demande aux autorités d’en tirer toutes les conséquences sur les autres EPR dont celui en construction à Flamanville. D’après les informations transmises à la CRIIRAD par un lanceur d’alerte issu de l’industrie nucléaire, un problème générique pourrait mettre en cause la sûreté des réacteurs de la filière EPR.

Pour comprendre ce qu’il s’est passé à Taishan, visionnez notre vidéo

Quid des autres réacteurs EPR dans le monde ?

Les graves dysfonctionnements au niveau du réacteur EPR n°1 de la centrale de Taishan (Chine) – révélés en juin 2021 et ayant conduit à sa mise à l’arrêt anticipé le 30 juillet dernier – seraient liés pour partie à un problème de conception de la cuve EPR.

Ces mêmes défaillances pourraient alors concerner les autres réacteurs EPR, à commencer par Taishan 2 (seul autre réacteur EPR en exploitation dans le monde à ce jour) mais aussi les réacteurs en construction : Flamanville 3 (France, Normandie), Olkiluoto (Finlande) et les 2 EPR à Hinkley Point en Angleterre.

Des problèmes connus depuis la fin des années 2000

Les problèmes liés à la conception de la cuve EPR sur le plan de l’hydraulique seraient connus des industriels depuis au moins la fin des années 2000 (essais sur maquette). La mauvaise répartition du liquide primaire dans la cuve engendrerait des niveaux de vibration élevés des assemblages de combustible nucléaire. Ces vibrations auraient été constatées dès la mise en service de Taishan 1 en 2018.

Les vibrations au niveau du cœur du réacteur seraient à l’origine de la dégradation des gaines des crayons de combustible nucléaire, entrainant ainsi des fuites de gaz rares radioactifs, mais aussi d’isotopes radioactifs de l’iode et du césium. Elles auraient également fragilisé les grilles de maintien de certains assemblages.

Ces fuites ont été constatées par les exploitants dès octobre 2020 et n’ont cessé de s’aggraver au fil des semaines. Compte tenu des risques que cela représente pour les travailleur.euse.s, les riverain.e.s et la sûreté nucléaire, la CRIIRAD estime que le réacteur Taishan 1 aurait dû être arrêté bien avant le 30 juillet.

Les dégâts sur le combustible nucléaire du réacteur Taishan 1 seraient considérables. Le lanceur d’alerte a indiqué à la CRIIRAD que 70 crayons sont endommagés appartenant à une trentaine d’assemblages différents. De nombreux ressorts de maintien ont cassé.

Une expertise doit être menée et les résultats rendus publics

Qu’en est-il des Autorités de Sûreté Nucléaire française et chinoise ? Que savent les Autorités de Sûreté Nucléaire française et chinoise ? Cette situation plus que préoccupante doit absolument être expertisée et les résultats doivent être rendus publics : il en va de la sûreté nucléaire et de la protection des populations.

Compte tenu des interrogations, la CRIIRAD demande à l’ASN si elle considère comme acceptable le chargement dans le réacteur du combustible neuf livré à l’EPR de Flamanville ?

A l’heure où la France déclare vouloir relancer son programme nucléaire, les citoyen.ne.s méritent d’être honnêtement informé.e.s des possibles défaillances de la filière EPR, et leur protection doit être garantie comme priorité absolue vis-à-vis des intérêts économiques et financiers.

 

Lire la lettre envoyée à l’Autorité de Sûreté Nucléaire française (27/11/2021)

 

Article Trait d’Union n°91. Octobre 2021. Affaire TAISHAN 1 : des ruptures de gaines mais pas de rejets de gaz radioactifs ? Est-ce plausible ?