Les incidents de l’EPR Taishan 1 et leurs conséquences sur Flamanville 3

Les géants du nucléaire français sont fortement impliqués dans l’EPR de Taishan, en Chine : Framatome au niveau de la conception, de la construction et de la fourniture du combustible, EDF au niveau de l’exploitation avec sa participation (à hauteur de 30%.) à TNPJVC. Par ailleurs, le retour d’expérience des premières années de fonctionnement de Taishan 1 et 2 est évidemment essentiel pour la sûreté de l’EPR de Flamanville. L’Autorité de Sûreté Nucléaire française doit donc suivre de très près les incidents qui affectent ces installations.

Dysfonctionnement du réacteur EPR Taishan 1

En juin 2021, la presse nationale et internationale a largement relayé l’affaire des problèmes de ruptures de gaines de combustible nucléaire du réacteur EPR de Taishan 1 en Chine. Ce réacteur de 1 750 MWe de puissance est le premier EPR à avoir été mis en service commercial dans le monde (en décembre 2018).

La dégradation du combustible nucléaire a conduit son opérateur, TNPJVC, à une mise à l’arrêt « anticipée », le 30 juillet 2021, soit avec environ 6 mois d’avance sur la durée initiale du cycle. L’anticipation était toute relative car les problèmes de ruptures de gaines avaient en réalité été identifiés dès octobre 2020 et le réacteur aurait dû être arrêté bien avant juillet, afin de limiter les risques radiologiques pour les travailleurs et les riverains. La CRIIRAD avait alerté sur ce sujet dans un communiqué publié le 14 juin 2021.

Des défauts qui pourraient concerner les autres réacteurs EPR

Plusieurs causes peuvent être à l’origine de ces ruptures de gaines. Sans être exhaustif, certaines peuvent mettre en cause des défauts de conception du réacteur, d’autres des défauts de fabrication, d’autres encore des défauts mettant en cause le pilotage et/ou la maintenance du réacteur de Taishan 1. Certaines pourraient s’avérer génériques et concerner également les autres réacteurs EPR en construction à Flamanville (France) et Olkiluoto (Finlande). La CRIIRAD a interpelé l’ASN à ce sujet en novembre 2021. En décembre 2021, dans sa réponse à la CRIIRAD, l’ASN a indiqué qu’elle ne disposait pas d’informations précises mais qu’elle n’autoriserait par le démarrage du réacteur de Flamanville 3 tant qu’EDF n’aura pas transmis un dossier technique sur le « retour d’expérience » Taishan. 

Mise à jour, mercredi 23 février 2022

Suite aux graves incidents qui ont affecté le réacteur EPR de Taishan, les 245 assemblages de combustible nucléaire neuf, acheminés à l’EPR de Flamanville par camion entre octobre 2020 et l’été 2021 pourraient être remplacés. Cette information a été transmise à la CRIIRAD par un lanceur d’alerte. Cependant EDF indique le contraire. A ce sujet notamment, CRIIRAD a adressé par courrier plusieurs questions à EDF.

Mise à jour, 24 mars 2022

EDF a adressé une réponse à la CRIIRAD. La CRIIRAD a analysé cette réponse avant de saisir la CADA afin d’obtenir qu’EDF se conforme à ses obligations de transparence en matière de risque nucléaire. Retrouvez notre article sur le sujet.

Pour plus de détails, regardez cette interview de Bruno Chareyron, directeur du laboratoire de la CRIIRAD :

Lettre adressée à l’ASN par la CRIIRAD le 27 novembre 2021 // Letter sent to the French Nuclear Safety Authority
Communiqué de presse de la CRIIRAD du 28 novembre 2021
Réponse de l’ASN du 15 décembre 2021
Lettre adressée par la CRIIRAD à EDF le 22 février 2022
Communiqué de presse de presse de la CRIIRAD du 23 février 2022
Réponse d’EDF au 21 mars 2022