30/01/2008 – Mine d’uranium d’Imouraren au Niger : un plan d’urgence indispensable avant l’exploitation par Areva

Mine d’uranium d’Imouraren au Niger :
Un plan d’urgence indispensable avant l’exploitation par Areva

 

Le déplacement de Nicolas Sarkozy au Niger avec la présidente du directoire d’Areva, Anne Lauvergeon, a mis sur le devant de la scène la future exploitation la mine d’uranium d’Imouraren. A cette occasion, la CRIIRAD demande des améliorations concrètes sur les conditions d’exploitation des mines existantes d’Arlit. Des mesures indispensables pour la santé des populations locales et l’environnement.

Mission CRIIRAD au Niger (déc. 2003)



Situé au nord Niger, à 80 kilomètres au sud d’Arlit, le gisement uranifère d’Imouraren avait été découvert par le CEA en 1966. En janvier 2008, Areva a signé un accord avec le gouvernement du Niger pour l’exploitation des dépôts et minéralisations uranifères. Un investissement de plus de 1,2 milliards d’euros est prévu pour ce qui constitue, selon l’exploitant « le deuxième plus grand gisement d’uranium du monde ». Il devrait selon les prévisions produire 5 000 tonnes par an de minerai à une teneur moyenne de 1,1 kg d’uranium par tonne de roches.
Un contrat si important qu’il a en partie motivé la venue de Nicolas Sarkozy a Niamey avec la présidente d’Areva, Anne Lauvergeon, le 27 mars 2009.
La CRIIRAD, en partenariat avec l’association AGHIR IN MAN, intervient depuis de nombreuses années sur la question de l’exploitation des mines d’uranium existantes au Niger. Elle demande la mise en œuvre d’un plan d’urgence visant à apprécier à leur juste mesure – et à limiter – les risques liés aux gisements en cours d’exploitation. Il est essentiel que les impératifs de protection de l’environnement et de la santé des populations soient correctement pris en compte dans ces projets et ne soient pas sacrifiés à la seule logique des profits à court terme. Ce plan devrait traiter des points suivants :
– prise en compte des droits des peuples autochtones ;
– limitation des risques de pollution des nappes phréatiques au droit des mines et carrières d’uranium ;
– limitation des quantités d’eau soutirées de nappes phréatiques non renouvelables ;
– abaissement des quantités de gaz radioactif rejeté dans l’atmosphère par les bouches d’aérage des mines ;
– définition des modalités de confinement à long terme des dizaines de millions de tonnes de déchets radioactifs déjà produits par les usines d’extraction de l’uranium ;
– mise en œuvre en urgence de dispositifs de protection des entreposages de résidus radioactifs (limitation des risques d’envol de poussières radioactives, limitation de l’érosion, etc.) ;
– définition des modalités de provisionnement des sommes qui seront nécessaires pour assurer le réaménagement des sites après exploitation et la surveillance radiologique sur des centaines d’années ;
– récupération de toutes les ferrailles contaminées disséminées dans le domaine public à ARLIT et AKOKAN :
– évaluation précise et exhaustive des doses et des risques subis par les travailleurs et les populations riveraines, et bénéfice de la présomption du lien de causalité pour les travailleurs n’ayant pas bénéficié dans le passé d’un suivi radiologique et médical adapté ;
– reconnaissance des pathologies potentiellement liées à l’exposition chronique à de faibles doses de radiation ;
– maintien, après la fermeture des mines, des structures sanitaires et de la couverture sociale pour les travailleurs et les populations exposées ;
– réalisation de missions de contrôle indépendant de la radioactivité présente dans l’environnement des mines ;
– transparence sur les résultats des études d’impact dosimétrique et radioécologique ;
– clarification des projets de reconversion des villes d’ARLIT et AKOKAN après l’épuisement des ressources en uranium.

Imouraren forage 1 / forage 3 (source : C. Chamberland et M. Roche, avril 2007)


Il faut souligner qu’à Imouraren, la contamination de l’environnement a déjà commencé alors que le gisement n’est pas en exploitation. Les forages de prospection ramènent des matériaux radioactifs à la surface, sans aucun confinement ou protection particuliers.
La CRIIRAD restera vigilante en 2009 sur le dossier des mines d’uranium au Niger, en partenariat avec l’association AGHIR IN MAN et son président, M. Almoustapha Alhacen.
Pour en savoir plus sur la situation au Niger, consultez le dossier Mines d’uranium au Niger réalisé par la CRIIRAD en janvier 2008.


Pour plus de renseignements contactez la CRIIRAD : laboratoire@criirad.org