23 février 1999 – Contamination par des déchets radioactifs à Gif-sur-Yvette (Essonne)

Le domaine public est lui aussi contaminé.

Lors d’une conférence de presse qui s’est déroulée, le 23 février dernier, la CRII-RAD a présenté le résultat des contrôles effectués dans une propriété située 36, chemin du Couvent à Gif-sur-Yvette.
A l’issue de cette conférence, Bruno Chareyron, responsable du laboratoire et Christian Courbon, technicien spécialisé, ont procédé à des relevés radiamétriques de dépistage dans le quartier où la Société Nouvelle du Radium (SNR) a exercé ses activités, de 1916 à 1956. Les mesures ont concerné le chemin du Couvent, le chemin de Bellevue et la rue du Radium.
En plusieurs emplacements, des flux de rayonnements gamma anormalement élevés ont été enregistrés. Sur la butte située entre l’avenue de l’Abbaye et le départ de la rue du radium, les flux de rayonnements peuvent atteindre 800 à 900 coups par seconde alors que le niveau naturel attendu devrait être de l’ordre de 50 coups par seconde.
Un prélèvement de terre a été effectué en surface à l’emplacement d’un point chaud radiamétrique pour analyse au laboratoire de la CRII-RAD. L’analyse préliminaire a révélé un niveau de radium 226 anormalement élevé : 2 160 becquerels par kilogramme de terre fraîche. Cette activité est de l’ordre de 50 à 100 fois supérieure à l’activité normale des sols de la région. La contamination du sol par les activités de la SNR est incontestable.

Lettre ouverte aux ministres en charge de la Santé Publique et de la protection de l’Environnement.

La CRII-RAD vient d’adresser une lettre ouverte à Mesdames Aubry, Gillot et Voynet.

1. Concernant l’ancien terrain de la SNR et ses environs, la CRII-RAD demande la réalisation d’une cartographie des flux de rayonnements émis par le sol ainsi que des concentrations en radon. Ce travail de dépistage doit être réalisé dans un périmètre large afin d’identifier les zones et habitations à risques où une évaluation plus approfondie devra être effectuée. Ce travail implique une campagne de sensibilisation et d’information des habitants qui évite à la fois l’alarmisme et la langue de bois.

2. Concernant la propriété des époux Garcia, il est de la responsabilité des pouvoirs publics de déterminer qui a raison :

de la CRII-RAD qui considère que l’exposition est de l’ordre de 80 milliSieverts par an ce qui implique un risque de décès par cancer du poumon inacceptable.

ou de l’OPRI (Office de Protection contre les Rayonnements Ionisants) qui a conclut début 1999 que la “situation n’est pas sanitairement dangereuse” et qui n’est jamais revenu sur ce diagnostic.

Les Ministères de la Santé et de l’Environnement doivent effectuer, ou faire effectuer, une contre-expertise. La CRII-RAD saisit de son côté les instances internationales.

3. Dès lors que le niveau de risque sera confirmé et compte tenu des responsabilités, très lourdes, de l’Etat (délivrance du permis de construire sans décontamination préalable et défaut d’évaluation des risques), la CRII-RAD demande qu’il soit accordé aux propriétaires une indemnisation qui leur permette de se reloger dans une maison dont ils pourront avoir la pleine jouissance.