8 juillet 2019 – Radon : les limites de l’approche cartographique

Depuis le 1er juillet 2018, un zonage communal du potentiel radon remplace l’ancien zonage départemental.

La réglementation en vigueur entre 2004 et 2018 était basée sur ce zonage, établi sur la base des résultats d’une campagne d’environ 12 000 mesures effectuées par les autorités dans l’habitat au cours des années 1980 et 1990. Cette campagne comportait de nombreux défauts statistiques et méthodologiques : d’un département à l’autre, la densité des points de mesure est très variable et les mesures ont été effectuées à différentes saisons (parfois en plein été où les concentrations en radon sont généralement plus faibles qu’en période froide) ; la quantité globale de points de mesure est faible par rapport à la plupart des campagnes des autres pays européens ; …
Une présentation détaillée de ces lacunes est consultable sur le site de la CRIIRAD : https://www.criirad.org/wp-content/uploads/2019/08/criirad-radon.pdf

En 2013, l’IRSN a publié une carte établie à l’échelle communale basée sur le potentiel d’émanation de radon du sol et non plus sur une campagne de mesure dans des bâtiments. Il a fallu attendre 5 ans pour que cette carte remplace la carte départementale dans la réglementation. Malheureusement, il est difficile d’évaluer la qualité de ce document, la carte n’étant pas assortie d’un rapport présentant de façon détaillée les critères retenus pour chaque commune : seules des informations d’ordre général sont consultables sur le site de l’IRSN.

Les communes françaises sont classées en trois zones :

  • zone 1 (potentiel radon faible),
  • zone 2 (potentiel radon faible mais présence de facteurs géologiques particuliers pouvant faciliter le transfert du radon vers les bâtiments),
  • zone 3 (potentiel radon significatif).

La répartition des communes entre ces zones est fixée par l’arrêté du 27 juin 2018 portant délimitation des zones à potentiel radon du territoire français.
Le zonage communal est également consultable sous forme cartographique sur le site de l’IRSN.

Le zonage communal constitue une avancée, mais il n’est pas exempt de défauts.

Par exemple, la CRIIRAD a constaté, pour certaines communes, l’existence d’incohérences entre la carte de l’IRSN et d’autres sources.
En Provence-Alpes-Côte-d’Azur, une carte du potentiel d’émanation en radon a été établie par le Bureau de Recherches Géologiques et Minières (BRGM) en 2004 . Sur cette carte les communes sont classées selon 4 niveaux de « susceptibilité d’émanation RADON » : faible, moyenne, forte et très forte. En comparant la carte du BRGM et celle de l’IRSN pour le département des Hautes-Alpes, on constate des incohérences. 21 communes présentant une susceptibilité d’émanation forte selon le BRGM sont classées en zone 1 (potentiel radon faible) par l’IRSN. C’est le cas par exemple de plusieurs communes à l’est du département (Montgenèvre, Abriès, Ristolas, …), ainsi qu’aux environs de Gap (La Freissinouse, Laye, Saint-Laurent-Du-Cros, …). Les communes présentant des incohérences sont signalées par un point bleu sur les cartes ci-dessous.

Au-delà de ces anomalies, il est important de rappeler les limites d’une approche exclusivement basée sur la cartographie. En effet, le potentiel radon du terrain n’est pas le seul paramètre intervenant dans l’accumulation de radon dans un bâtiment. La configuration du bâtiment (surface de contact entre terrain et bâtiment ; type de ventilation et taux de renouvellement d’air ; nature des matériaux de construction …) joue également un rôle primordial. Ainsi, un bâtiment semi-enterré et dépourvu de système de renouvellement d’air peut présenter des concentrations en radon élevées y compris sur un terrain à potentiel radon faible. A l’inverse, un bâtiment correctement ventilé et construit sur vide sanitaire aéré peut présenter des concentrations en radon faibles y compris sur un terrain à potentiel radon élevé. Le classement traduit donc seulement une probabilité, et non une certitude, que les bâtiments présentent des concentrations en radon faibles ou élevées. Selon l’IRSN, la proportion de bâtiments dépassant 100 Bq/m3 est de plus de 40% dans les communes à potentiel radon significatif, mais encore de 20% dans les communes à potentiel radon faible.

 

Auteur : Julien SYREN – Dernière mise à jour : 08/07/2019