Mars 2016 – Examen critique du dispositif français de gestion du risque “radon”

Radon : la réglementation française n’est pas à la hauteur des enjeux.

Le radon est un gaz radioactif naturel issu de la désintégration du radium, présent dans toutes les roches de l’écorce terrestre.
Reconnu depuis 1987 par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) comme cancérigène certain pour l’homme, le radon est un problème de santé publique : parmi les 25 000 décès annuels par cancer du poumon survenus en France, 1 200 à 3 000 seraient attribuables au radon.

Alors que plusieurs Etats ont mis en place dès les années 1980 une politique de lutte contre le radon, la réaction de la France a été tardive, les premières obligations de dépistage datant seulement de 2004. De plus, la réglementation française en la matière comporte de nombreuses lacunes, comme le montrent ces exemples auxquels la CRIIRAD, qui effectue des mesures de radon depuis 1988, a été confrontée ces dernières années :
– en 2009, la CRIIRAD détecte plus de 300 Bq/m3 au 1er étage d’un bâtiment tertiaire récent situé dans une zone présentant a priori un potentiel radon « faible ». Le bâtiment est desservi par un puits canadien comportant de nombreux points de contact non étanches avec le terrain sous-jacent ;
– en 2012, la CRIIRAD détecte plus de 7 000 Bq/m3 dans le séjour d’une habitation du Puy-de-Dôme dans laquelle une jeune retraitée vient de s’installer. Ce bâtiment ancien, semi-enterré à flanc de colline, venait d’être rénové par des professionnels du bâtiment. Les travaux (amélioration de l’isolation non accompagnés par la mise en place d’un système de renouvellement d’air) avaient eu pour effet de transformer l’habitation en caisson confiné comportant une importante surface de contact avec un terrain produisant une quantité élevée de radon ;
– en 2013, un agent technique fait réaliser par la CRIIRAD une mesure de radon à son poste de travail, situé au sous-sol d’un lycée. Près de 900 Bq/m3 sont détectés, alors que le seuil d’action dans les lieux de travail est de 400 Bq/m3
. Le local n’était pourtant pas visé par la réglementation : il n’était pas situé dans un département « prioritaire » ;
– début 2014, la locataire d’un appartement situé en rez-de-chaussée d’un immeuble collectif demande de l’aide à la CRIIRAD. Une mesure, effectuée à son initiative entre novembre 2013 et février 2014, a révélé la présence de plus de 3 000 Bq/m3 de radon dans son séjour/chambre. Ce rapport a pour objet de mettre en évidence les raisons de l’existence de tels cas de figure.
Le radon n’est pas une fatalité : l’impact sanitaire lié au radon peut être fortement réduit en mettant en œuvre les actions appropriées.
Dans ce rapport, la CRIIRAD propose, à la lumière de sa propre expérience, une analyse approfondie du dispositif réglementaire français de gestion du risque lié au radon, dans le but d’en pointer les insuffisances et de proposer des pistes d’amélioration.

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