25/09/2017 – Contamination par le ruthénium 106

Présentation

Un énorme rejet de ruthénium 106, un produit radioactif artificiel, s’est produit en septembre 2017 en un lieu indéterminé, probablement situé en Russie.  La contamination a concerné plus d’une trentaine de pays.

Elle a été détectée dans l’air de plusieurs pays européen (en Italie notamment) début octobre. Plus précisément, les laboratoires ont détecté la présence du rhodium 106, un autre radionucléide artificiel émetteur de rayonnements gamma et bêta très énergétiques qui est produit par la désintégration du ruthénium 106.

En Europe, les masses d’air contaminées étaient présentes du 25 septembre au 9 octobre, les niveaux maximaux étant enregistrés entre le 29 septembre et le 3 octobre. La frange occidentale a été globalement épargnée. En France, le ruthénium 106 n’a été détecté que sur le littoral sud-est et la contamination est restée négligeable (< 0,5 mBq/m3.j). En revanche, des valeurs 100 fois à 1 000 fois supérieures ont été mesurées dans plusieurs pays européens (Hongrie, République tchèque, Roumanie…), en Ukraine et en Russie. En Bulgarie, sur le site nucléaire de Kozlodouy, et en Russie, sur le site nucléaire de Balakovo, sur la Volga, des niveaux encore supérieurs ont été enregistrés mais la fiabilité des résultats reste à démontrer.

En France, la contamination est restée négligeable, ne nécessitant aucune précaution ou mesure de protection. En revanche, la CRIIRAD s’est aussitôt souciée des risques encourus dans les zones les plus proches du point de rejet. Ses appels sont restés lettre morte : ni l’Europe, ni l’OMS, ni l’AIEA n’ont lancé d’appel à investigation ou de  mise en garde sur les risques d’exposition des travailleurs et de la population locale.

Le 9/10/2017, les modélisations des organismes d’expertises français (IRSN) et allemand (BfS) ont désigné le sud de l’Oural comme la localisation la plus probable du rejet. Le 9/11/2017, l’IRSN a publié une note retenant comme scénario le plus probable un rejet de 100 à 300 TBq, survenu entre la Volga et l’Oural, précisant qu’un tel rejet aurait pu nécessiter des mesures de protection de la population (évacuation, confinement) dans un rayon de 5 km et le contrôle des denrées alimentaires jusqu’à 40 km de distance.

Par courrier en date du 17/11/2017, la CRIIRAD a interpellé l’OMS et l’AIEA, puis lancé un appel à une totale transparence, dénonçant le blocage des informations à de nombreux niveaux (Europe, AIEA, Fédération de Russie, organismes d’expertises). Une nouvelle démarche a été effectuée le 20/12/2017 auprès de Nicolas Hulot.

Le 20/11/2017, plusieurs médias ont annoncé qu’une agence fédérale russe avait mesuré des niveaux de contamination extrêmement élevés dans le secteur du centre nucléaire de Mayak, au sud de l’Oural. Certains articles concluaient aux « aveux de la Russie » Se basant sur son analyse des documents russes, la CRIIRAD a démenti ces informations par 2 communiqués successifs, le 21/11/2017 et le 22/11/2017 : les concentrations mesurées étaient en effet comparables à celles enregistrées dans plusieurs pays européens (cf. carte CRIIRAD).

La CRIIRAD avait placé dès octobre 2017 le site de Mayak sur la liste des suspects : la présence d’installations de retraitement de combustibles nucléaires irradiés et de vitrification pouvait en effet expliquer aussi bien la nature du rejet (uniquement du ruthénium 106 associé à son descendant le rhodium-106) que son importance. Pour autant, l’éventuelle responsabilité du site doit être établie sur des éléments de preuve et non sur des accusations infondées.

Dans un communiqué daté du 20/12/2017, la CRIIRAD rendait publique son analyse critique des conclusions de la commission d’enquête russe.

Le 1er février 2018, ont été publiées les premières conclusions de la commission scientifique internationale mise en place par les autorités russes, conclusions issue de da réunion du 31 janvier 2018.  Le 6 février 2018, l’IRSN a publié le rapport qu’il a présenté dans le cadre de cette réunion. La CRIIRAD a procédé à l’analyse critique de ces deux documents. La synthèse de ce travail a été publié le 27 mars 2018. Elle dénonce le fait que les experts officiels ont conclu, sans preuve,  et même en contradiction avec les données disponibles,  à l’absence de risque sanitaire attendu. Elle met en lumière un taux incroyable d’erreurs, de contradictions et de biais dans le rapport de l’IRSN.

Fin mars 2018, 6 mois environ depuis la survenue de la contamination, il est toujours impossible de disposer d’un listing exhaustif et validé des niveaux de contamination mesurés dans l’air et dans les dépôts au sol. Alors que le droit à l’information sur les pollutions de l’environnement est inscrit en toutes lettres dans le droit européen, le dossier du ruthénium 106 comporte de plus en plus de zones d’ombre.

 

Communiqués CRIIRAD

Communiqué CRIIRAD du 27/03/2018 : la CRIIRAD met en cause les rapports officiels
Volet 1 : les experts officiels passent l’impact sanitaire par pertes et profits

Volet 2 : une accumulation sidérante d’anomalies dans le rapport de l’IRSN (version courte)

Communiqué CRIIRAD du 20/12/2017 : critique des conclusions de la commission d’enquête
Communiqué CRIIRAD du 22/11/2017 : mise au point n°2
Communiqué CRIIRAD du 21/11/2017 : mise au point n°1
Communiqué CRIIRAD du 21/11/2017 : interpellations OMS +AIEA et appel à transparence
Communiqué CRIIRAD du 10/11/2017
Communiqué CRIIRAD du 11/10/2017
Communiqué CRIIRAD du 05/10/2017

Lettres CRIIRAD

Lettre de la CRIIRAD à Nicolas HULOT – 20/12/2017
Lettre de la CRIIRAD à l’AIEA – 17/11/2017
Lettre de la CRIIRAD à l’OMS – 17/11/2017

Autres informations

Rapport IRSN publié le 6/02/2018 : Report o on the IRSN’s investigations following the widespread detection of 106Ru in Europe early October 2017
Note IRSN du 6/02/2018
Note IRSN du 9/11/2017
Conclusions de 1ère réunion de la commission scientifique internationale
Conclusions de la commissions interministérielle russe
AIEA : status of measurements of Ru-106 in Europe
AIEA : status of Ru-106 measurements / technical attachment
Rosguidromet : bulletin hebdomadaire du 6 au 13 octobre 2017 (version 2)
Rosguidromet : rapport mensuel sur la situation radiologique du territoire russe de septembre 2017
Rosguidromet : rapport mensuel sur la situation radiologique du territoire russe de octobre 2017
Rosguidromet : rapport special sur le ruthénium 106 de décembre 2017
Informations sur le site nucléaire de Mayak

Rapport CRIIRAD

Analyse de sols prélevés autour de Mayak (Note 18-21 du 16 février 2018)
Analysis of soil samples collected near Mayak nuclear site (CRIIRAD report N°18-21 of February 16th 2018)