17/11/2023 – EPR Flamanville, la saga continue

Extrait de la Lettre Mensuelle des adhérents de la CRIIRAD – Novembre 2023

Suite aux incidents sur l’EPR N°1 de la centrale de Taishan en 2021, la CRIIRAD avait révélé que l’endommagement inédit des assemblages de combustible nucléaire était dû à un défaut de conception de la cuve de l’EPR (plenum inférieur) à l’origine de vibrations non maîtrisées. À cela s’ajoutaient les problèmes de casse des ressorts de maintien des crayons de combustible par corrosion sous contrainte, ainsi que l’oxydation accélérée des gaines du fait de la non maîtrise de la teneur en fer dans le nouvel alliage dénommé M5. Nous écrivions que ces problèmes allaient très probablement affecter l’EPR en construction à Flamanville.
Pour limiter les dégâts, une option est l’utilisation d’un combustible renforcé. Mais les 245 assemblages tout neufs livrés à Flamanville ont été fabriqués avant le retour d’expérience de Taishan. Dans un courrier
(https://vu.fr/BNPAW) de février 2022 nous demandions à EDF « Confirmez-vous que le combustible neuf livré à Flamanville 3 entre octobre 2020 et l’été 2021 (et actuellement entreposé dans la piscine du bâtiment combustible) ne sera jamais chargé dans la cuve ? ». A l’issue de plusieurs échanges, l’entreprise répondait en mai (https://vu.fr/KbHbQ) 2022 « le phénomène ne s’oppose pas au chargement de ce combustible dans le réacteur de Flamanville 3 ».
En réalité EDF a fait fabriquer à Framatome 64 assemblages « renforcés », nom de code AFA3 GLE-I, qui seront placés en périphérie du cœur lors du premier cycle de fonctionnement de l’EPR de Flamanville (officiellement prévu au premier semestre 2024). Quant aux autres assemblages, EDF prévoit de réaliser d’ici novembre 2023 une évaluation des conséquences de la corrosion accélérée de l’alliage M5 (https://vu.fr/uIeSt).
Cerise sur le gâteau, lors de la réunion de la CLI de l’usine Framatome de Romans-sur-Isère, le 16 novembre 2023, l’entreprise a confirmé au représentant de la CRIIRAD, Roland Desbordes, qu’elle a récemment reçu pour recyclage, 17 assemblages de combustible nucléaire en provenance de Flamanville. Lors de leur séjour dans la piscine de l’EPR, des réactions avec l’acide borique les auraient rendus « non conformes ».
Quant au problème de vibrations, l’IRSN nous a confirmé par courriel qu’EDF « prépare une modification matérielle pérenne permettant d’optimiser l’hydraulique dans le plenum inférieur de la cuve ». L’Institut estime « que le travail engagé par EDF demandera plusieurs années avant mise en œuvre effective de la modification ».
Bon courage aux équipes qui devront installer ces équipements modifiés au fond d’un cœur devenu irradiant et contaminant (https://vu.fr/mHAYu).