Dans la nuit du 12 au 13 juin, l’armée de l’air israélienne a mené une série de bombardements dans plusieurs régions d’Iran. Selon le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, l’opération, qui pourrait prendre plusieurs jours, vise à frapper au « cœur du programme d’enrichissement [d’uranium] de l’Iran » (1).
La principale installation d’enrichissement d’uranium de l’Iran, située à Natanz, fait partie des cibles, ce que confirme l’Agence Internationale de l’Énergie Atomique (AIEA).
Le site de Natanz est situé au centre de l’Iran, à 800 kilomètres au sud-est de la Turquie et à 1600 kilomètres à l’est d’Israël.
L’usine se trouve à 30 kilomètres de la ville de Natanz (dont le district compte 40 000 habitants), à 120 kilomètres au nord d’Ispahan, troisième ville d’Iran (2 millions d’habitants) et à proximité du parc national de Kavir.
La télévision d’État iranienne a montré des images de fumée épaisse s’échappant du site de Natanz, et indiqué que cette installation avait été « touchée plusieurs fois » (2).
Selon un communiqué de l’Organisation de l’énergie atomique d’Iran, cité par The Guardian, les investigations, qui n’ont révélé aucune contamination radioactive ou chimique à l’extérieur du site, « se poursuivent pour évaluer l’ampleur des dégâts ».
La CRIIRAD ne dispose pas d’éléments lui permettant de vérifier cette affirmation : le bombardement d’une telle installation peut entraîner une contamination de l’environnement en uranium, mais à notre connaissance, il n’existe pas, à proximité du site, de station de mesure de radioactivité dont les résultats soient accessibles.
Les stations les plus proches consultables dans le cadre du réseau européen de surveillance radiologique Eurdep sont situées en Turquie, à proximité de la frontière avec l’Iran.
L’Organisation du traité d’interdiction complète des essais nucléaires (OTICE, ou CTBTO en anglais) gère un système international de mesure comptant notamment 80 stations de surveillance de la radioactivité, dont l’une est située à Téhéran, à 220 kilomètres au nord de l’usine de Natanz. Mais les données de ce réseau ne sont pas directement accessibles au public, comme la CRIIRAD l’avait dénoncé en 2011, suite à l’accident de Fukushima (3).
L’Iran possède plusieurs autres sites liés à l’industrie nucléaire. L’AIEA a été informée par les autorités iraniennes que l’usine d’enrichissement d’uranium de Fordo et l’usine de conversion (étape préliminaire à l’enrichissement) d’Ispahan n’ont pas été touchées par les bombardements israéliens. En revanche, selon Le Monde, « le réacteur à eau lourde d’Arak et un site de lancement de missiles à Kermanshah, à l’ouest » auraient également été frappés.
L’équipe du laboratoire de la CRIIRAD, placée en vigilance renforcée, suivra attentivement l’évolution de la situation.
Rédaction : Julien Syren, le 13/06/2025 à 13h •
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Contact presse :
Bruno Chareyron, conseiller scientifique CRIIRAD : bruno.chareyron@criirad.org
Notes :
- Le Monde avec AFP, « Ce que l’on sait des attaques d’Israël contre l’Iran », 13/06/2025 02h25 (modifié à 10h15). ↩︎
- Ibid. ↩︎
- Communiqué CRIIRAD du 25 mars 2011 : https://urlr.me/86MtQk ↩︎
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