23
janvier 2008
DAVOS,
dernière minute !
Le comportement social et écologique d’AREVA
épinglé par les ONG et les citoyens.
Les
Public Eye Awards
Ce
mercredi 23 janvier, à 15
heures, ont été remis, à Davos,
en marge du forum économique international, les Public
Eye Awards 2008. Ces distinctions sont décernées
depuis 7 ans aux entreprises dont le comportement social et écologique
est jugé particulièrement néfaste.
Rappelons que le projet international « public eye on
Davos » a été lancé en 2000,
avec le soutien de 150 ONG issues de 39 pays, afin de contribuer à changer
les règles du jeu du sommet de Davos, en faisant entendre
les voix des victimes de la globalisation et de l’opinion
publique mondiale.
Les prix 2007 avaient épinglé les multinationales
Novartis (Suisse) et Bridgetstone (Japon).
Cette année, le vote des ONG a décerné le Public
Eye Global Award 2008 au groupe AREVA. Le prix vise en particulier
les conditions d’exploitation des mines d’uranium du
Niger par deux sociétés (SOMAIR et COMINAK) dont AREVA
est l’opérateur et le principal actionnaire.
De plus, pour la première fois, a été remis
le Public Eye People’s Award, basé sur le vote
des citoyens internautes. AREVA est arrivée largement
en tête, devant
les multinationales Bayer et Glencore, recueillant près
de la moitié des 10 000 suffrages enregistrés.
La
tournée européenne du président de
l’ONG
Aghir in Man
Almoustapha
Alhacen, président de l’association
nigérienne Aghir in man, était l’invité d’honneur
de la cérémonie de remise des prix. En dépit
des pressions et des menaces sur son emploi (il travaille
pour la SOMAIR), il se bat au quotidien pour que l’exploitation
des réserves minières de son pays soit plus
respectueuse de l’environnement et de la santé des
habitants.
Après la Suisse, M. ALHACEN se rendra en Allemagne et aux
Pays-Bas, puis il viendra en France, à l’invitation
de la CRIIRAD qui a mis en place depuis 5 ans, à sa
demande, un partenariat scientifique avec son association. Une
conférence
de presse sera organisée à Valence, le
mercredi 30 janvier à 15h30, suivie d’une
réunion publique, à 20h30
au centre de l’Epervière.
Le
point de vue de la CRIIRAD
La
CRIIRAD ne dispose pas de suffisamment d’éléments
de comparaison pour affirmer qu’AREVA est aujourd’hui
la multinationale dont le comportement peut être
désigné comme
le plus irresponsable sur les plans environnementaux
et sociaux. En revanche, les études conduites
par son laboratoire, aussi bien en France qu’au
Niger, lui ont permis d’établir
l’importance des problèmes associés
aux activités
minières d’AREVA et ses filiales :
pollution de l’environnement, et notamment des
cours d’eau, dispersion
des stériles radioactifs dans le domaine public,
absence de confinement des résidus radioactifs,
graves anomalies dans les plans de surveillance, violation
des limites de dose internationales,
carences graves dans le contrôle des pouvoirs
publics, etc.
L’attribution des Public Eye Awards 2008 à AREVA montrent
que ni les ONG ni les citoyens ne sont dupes de l’image de
marque que s’est fabriqué le groupe à grand
renfort de budgets publicitaires.
Depuis les années 70, plus de 100 000 tonnes d’uranium
ont été extraites des mines d’Arlit et d’Akokan,
dans le nord-est du Niger. L’uranium est le premier et principal
produit d’exportation de cet Etat. Avec 3 300 tonnes par
an, le Niger est le 4ème producteur mondial d’uranium
et le premier fournisseur d’uranium d’Areva.
Ces richesses naturelles n’empêchent pas le Niger de
rester tout au fond du classement établi par les Nations unies à partir
de l’indice de développement humain (IDH). Le classement
2005 du PNUD plaçait le Niger à la 177ème et
dernière place ; selon le classement 2007-2008, il occuperait
désormais la 174ème place, toujours très
en dessous de la moyenne des Etats sub-sahariens.
L’exploitation des mines d’uranium impose des prélèvements
d’eau considérables dans la nappe fossile (c’est-à-dire
non renouvelable), les millions de tonnes de résidus radioactifs
sont déjà amoncelés sans aucune protection,
ni contre les infiltrations d’eau, ni contre l’érosion éolienne.
Ces quelques éléments permettent de relativiser l’intense
communication d’AREVA sur son sens du dialogue, son respect
de l’environnement et sa volonté d’assumer sa
responsabilité sociale.
AREVA vient d’obtenir du gouvernement nigérien l’autorisation
d’exploiter l’immense gisement d’Imouraren. Il
est par conséquent urgent que les populations obtiennent de
réelles garanties sur la protection de leur santé et
de leur environnement, des engagements précis sur le confinement
et la gestion à long terme des déchets radioactifs,
le respect des normes internationales de radioprotection et la mise
en place de véritables contrôles, hors de l’emprise
des sociétés SOMAIR et COMINAK.
> Pour plus d’information :
Contacter Bruno CHAREYRON – Tel : 04
75 41 82 57 – Email :
bruno.chareyron@criirad.org
Consulter
les dossiers CRIIRAD sur l’exploitation des mines
d’uranium :
- en France
- au Niger
Site
de l’association La Déclaration
de Berne